Yshin, pilote conceptuel !

- "Hmmm...on va dire que c'était il y a trois ans. Ça va le faire trois ans je crois. Bon du coup, ça faisait trois ans que j'étais esclave. Pas une mauvaise situation au final, faut pas se fier aux apparences et au titre qui a une mauvaise connotation. On mangeait à notre faim, on avait des vêtements, un toit et un endroit où dormir; plutôt tranquille je dois dire si on oublie le remboursement de dettes envers l'Empire.






- Au début, je servais une famille avec des crédits plein les poches, du genre à manger des animaux exotiques en voie de disparition de je ne sais quel système perdu. Ils étaient pas méchants, même très correct envers moi. Ils me demandaient pas mon avis, ordonnaient et ne s'attendaient pas à grand chose de ma part, excepté que je fasse correctement les choses. Mais ils avaient des enfants, deux filles et un petit garçon, et vous savez ce que c'est, on est jeune, on a la vingtaine, on s'amuse, on se taquine et ça dérape. Faut dire aussi qu'elle l'avait mérité, elle a joué avec le feu l'aînée et quand on passe les mains dans un brasier, faut pas s'attendre à gagner des sucreries. Bon en même temps, elle l'a pris de face le mur de la réserve, niveau dentition ça en a pris un coup et puis quand j'ai glissé et que je lui suis tombé sur les jambes, ça a pas arrangé les choses. J'ai toujours une de ses dents dans une poche d'ailleurs.
Donc un conseil, n'allez pas faire n'importe quoi dans une salle au sol glissant, ça peut prêter à confusion sur vos activités avec une jeune dame.

- Et me revoilà devant un tribunal, ils ont pas fait dans la dentelle cette fois-ci. Pourtant je leur ai sorti le grand jeu : l'histoire de l'enfant au passé douloureux, que j'aurai pu être si ils avaient bien voulu me croire. Le père alcoolique, jamais à la maison; la mère qui fait des passes dans sa chambre et qui enferme le petit dans le placard pour pas qu'il dérange le gentil monsieur qui va rigoler avec maman. Enfin bref, j'ai sorti les violons et ils m'ont coupé le sifflet avant le 3ème acte. Minage en territoire contesté, du genre où les pilotes tirent sur tout ce qui bouge.
Cette petite famille friquée, c'était le paradis. Maintenant c'est sidewinder avec laser de forage dans un site d'extraction de ressources. Le pied quoi. Et je vous raconte même pas le plaisir de se voir attaquer par des pirates de la fédération.






- Vous allez me dire, c'est bien beau ton discours de grand malheureux, si tu veux on a un mouchoir sale pour te moucher et sécher les grosses larmes qui coulent sur tes joues, mais qu'est-ce que t'as foutu pour en arriver là ?! Hein ?!
Je vous dirai d'aller gentiment voir chez les fédéraux s'ils ont pas un générateur à vous glisser dans le fondement, bien entendu. Mais vu que vous allez l'air intéressé, je vais vous en dire un peu plus. Et non, je ne vous donnerai pas l'adresse de cette fameuse maman.
Il se trouve que j'étais pas un mauvais bougre, une famille des plus classique, une enfance des plus correct; j'en connais beaucoup qui aurait tué pour ça. Bref, un vrai début d'histoire à s'emmerder pendant des heures, avec aucune anecdote salace pour retenir l'attention de l'auditoire. Donc on va se permettre une petite ellipse jusqu'au début de l'âge adulte, environ 18 ans pour moi, c'est culturel cette barrière alors on va pas commencer à manquer de précisions.
Je deviens pilote, c'est beau, c'est nouveau, c'est la liberté. On me donne des missions, je suis un banal coursier pour tout dire, mais le mot mission est super classe quand même. Je goûte à la joie de l'immensité, de l'infini, des blagues douteuses des autres pilotes; la vraie vie quoi. Mais je m'ennuie vite au bout d'une année à errer de station en station, planète en planète. Parfois je vois au loin des zones de conflit et je me mets à rêver de nouveau, à envisager autre chose.

- D'ailleurs je le fais rapidement, je m'engage dans la flotte impériale et au début c'est l'extase, l'adrénaline est une drogue, le danger un besoin. Le front, c'est idéal pour les jeunes recrues qui ont déjà piloté, ça fait le tri, ça calme les ardeurs et ça endurcit le cœur si ça ne te détruit pas. Rapidement on en vient à détester ceux d'en face pour une raison inconnue, on tient juste à survivre.
Je réussis à jusqu'à mes 22 ans par je ne sais quel miracle, et c'est à ce moment là que ça a commencé à déraper. Allez savoir pourquoi, on m'a embarqué à bord d'un de ces énorme vaisseaux de combat semblable au vaisseau mère, en tant qu'artilleur alors que je n'avais jamais trop touché à ces machins là. Pour sûr je ne me suis pas posé de question sur le moment, c'était une place beaucoup plus sûr que la première ligne avec un Eagle.
On était engagé dans un conflit depuis quelques minutes à peine que les premières capsules de secours ont commencé à s'éjecter, le bâtiment explosait de l'intérieur et c'était la panique à bord. Ça hurlait et pleurait comme des gamines dans certains coins pour les moins solides du coeur. On courait comme des dératés alors que le vaisseau piquait vers la planète la plus proche, personne ne comprenait alors on c'est entassé dans les derniers vaisseaux capable de voler. Je préfère oublier les cris de ceux qui ne pouvaient s'échapper, l'entrée dans l'atmosphère en chute libre n'a pas dû être des plus agréable pour eux. Tout ça pour qu'on s'écrase à moitié sur une planète du système Atlantis et qu'on finisse par appeler à l'aide depuis la radio. Et je peux vous dire que les secours n'étaient pas des plus accueillants. Pas de jolies infirmières pour nous faire quelques soins mais des gars tout équipé pour nous mettre aux arrêts. Une sacrée douche froide si vous voulez mon avis, surtout qu'ils n'ont pas été tendre. le premier arrêt fut la capitale pour un rapide passage devant un tribunal qui avait des preuves que nous étions des traîtres. Une source sûre qu'ils disaient les vieux gâteux. Et cette source aurait intercepté des messages entre la Fédération et moi-même plus quelques autres gars. On était fait comme des rats, rien ni personne ni pouvait, ni même ne voulait nous sauver.






- Vous connaissez la suite, esclavage, minage et compagnie. Tout ça pour finir avec des pilotes ayant vécu une expérience similaire; la trahison, les accusations mensongères. Une sacrée merde si vous me permettez. Puis est venu cet homme, du genre idéaliste mais pas bête du tout qui nous a expliqué la situation. Et même si je suis pas du genre malin en temps normal, il m'a semblé que mon histoire avait une vague part d'enfilade à la fédérale, un truc pas net, qu'on ose même pas faire dans les bordels les plus crasseux. Le cerveau en éruption, j'avais, comme dirait l'autre, une légère rancoeur dans le coeur pour tous ces petits malins qui pensaient que notre Empire allait se laisser faire comme une maîtresse un peu trop docile, se laissant appâter par quelques espèces sonnantes et trébuchantes.
Si j'avais pu, j'aurai tout cramer, croyez moi bien, je suis pas du genre à aimer quand on me la fait à l'envers. Penser que la misère dans laquelle je me trouvai était de la faute d'un avare traître à notre bon Empire. L'honneur et les traditions se perdent, comme le respect, c'est moi qui vous le dit.
Et comme vous pouvez le deviner, cet idéaliste avait plus d'un tour dans son sac. Nous faire sortir de l'esclavage en claquant des doigts, pas tout le monde qui peut se le permettre. Toujours est-il que j'ai accepté de faire parti de son projet, en plus je me retrouvai avec des crédits en poche et quelques mecs que je connaissai bien, des gens de confiance pour qui je miserai mes sous-vêtements propre du matin, c'est dire comme je suis un mec bien.

- Alors maintenant que ma petite histoire est finie, je vous demanderai de me filer quelques crédits pour la peine que les souvenirs m'ont occasioné. En plus, je suis un Gardien maintenant, va falloir que j'ai l'air un peu sérieux et je dois dire que des armes toute neuve plutôt que mes vieux tromblons de seconde main, ça ferait pas de mal. Surtout que bon, on va pas se mentir, moi et les marchands, ça fait trois. A part quand je les aborde, si vous voyez ce que je veux dire.
Je finirai par une petite de mon paternel, un homme plein de bon sens m'a t-on dit.

"Y'a du pain sur la planche gamin ! Et c'est pas avec un couteau à beurre que je vais me faire des tartines !"